Hommage de Lilianne Pitre - français
(also available in English, here)
par Lillianne Pitre, sa nièce, Rogersville, 10& juin 2023
Bonjour,
Pour ceux et celles qui ne me connaissent pas, je suis Lillianne (Pitre) Gallant, une nièce d’Yvette. Je suis honorée d’avoir été choisie par la famille pour vous rendre témoignage de la vie de notre chère Yvette. Cette grande dame, non pas de structure, mais de sagesse et de joie de vivre, a été une pionnière de la communauté de Rogersville.
Yvette est née le 13 décembre 1933 dans le vieux presbytère de Rogersville, où le cénotaphe est actuellement situé. Elle nous assure que le prêtre n’était pas son père, mais plutôt le bedeau qui avait marié sa mère. Yvette était la septième d’une famille de huit enfants.
En 1955, elle épousa Eric Pitre et ils ont eu ensemble trois beaux fils, Paul, Reggie et Danny.
Yvette était très attachée à l’Île-du-Prince-Édouard car sa mère était originaire de Saint-Chrysostome et elle visitait souvent ses cousins et cousines pendant ses vacances d’été durant sa jeunesse.
En grandissant, Yvette aimait écouter les contes de sa mère, sa tante Délia et son oncle André qu’elle appelait André le Blind. C’est probablement de là que sa passion et sa deuxième carrière de conteuse a débuté.
Sa première carrière, comme vous le savez, était enseignante au primaire ou comme on le disait dans le temps, « la maîtresse d’école ». En 1967 Yvette devint directrice adjointe jusqu’à sa retraite en 1988. En 1976, elle obtint sa maîtrise en Éducation de l’Université de Moncton. Un autre bel accomplissement.
Elle a commencé sa carrière à Saint-Athanase où elle devait soit se rendre en raquettes en hiver, soit se faire conduire en tracteur par son frère Raymond (qu’elle appelait « Titi »). Lorsque son aîné Paul a commencé sa première année, elle ne voulait pas lui enseigner, pour qu’il ne pas soit le petit « pet » de la Madame, alors elle a demandé à Ida Gaudet d’échanger d’école. Ida a donc enseigné à cette année-là à East Collette et Yvette a enseigné à Murray Settlement. Chaque matin elle faisait un dessin au tableau représentant le conte de la journée. Souvent, c’était des histoires de la bible. Elle aimait chanter des p’tites chansons et apprendre des comptines aux élèves. Les enfants adoraient ses histoire et le témoignent encore aujourd’hui comme adultes. Yvette occupa la profession d’éducatrice pendant 32 ½ ans.
Sa deuxième carrière était celle de conteuse. C’était naturel pour Yvette, mais à l’âge de 65 ans, elle est retournée à l’Université de Moncton suivre des cours de contes en Acadie. Par la suite, elle s’est faite invitée pour raconter à plusieurs endroits au Canada et aux États-Unis. « La messe en Latin », « La partie de hockey », « La Grande Bourlingue », « La maîtresse d’école », « La fille qui n’avait jamais été à l’église » et son fameux « Casimir », sont seulement quelques-uns des contes qui ont démontré son unique talent de conteuse.
« Plusieurs de ses enregistrements sont conservés dans les archives de folklores à l’Université de Moncton, » a témoigné Georges Arsenault, folkloriste et historien canadien.
Comme enseignante, Yvette racontait souvent « La jambe d’or » aux petits. Malgré que ça leur faisait peur, ils voulaient qu’elle le raconte souvent.
Notre député du Parti Vert, Kevin Arsenault, a connu Yvette même avant de rencontrer son épouse Rebeka. Depuis 2005 il contait avec elle à divers festivals et ils se rencontraient souvent pour discuter des contes et d’autres aspects de la vie actuelle. Il a témoigné de sa grande sagesse et sa connexion à l’actualité. Elle a même dit en riant que si elle serait plus jeune, faudrait que Rebeka se « watch ».
Même à son, âge avancé, Yvette prévoyait faire des présentations de conte en été et en automne au N.-B. et au Québec. Sa collègue conteuse Clara Dugas nous a partagé qu’elle s’imaginait deux adolescentes en voyage sur la route, avec éclats de rire tout le long du chemin.
Autant qu’Yvette était une grande femme talentueuse, elle était une femme simple qui avait beaucoup de plaisirs et de passe-temps chez elle. Elle était la première personne à Rogersville à avoir une piscine creusée. C’était un lieu de rencontre pour sa famille et ses amis ainsi que pour son plaisir personnel. Elle devait aimer beaucoup l’eau puisqu’elle couchait encore dans un « waterbed ».
Dans son temps libre, Yvette aimait faire des casse-têtes, crocheter et tisser au métier dans son sous-sol.
Elle aimait aussi des aventures dans la nature. Il semble que lorsqu’elle était jeune mère de famille elle s’était décidée d’acheter un ski-doo. Alors pour le payer, elle est allée travailler au restaurant chez Raymond Gallant afin de l’aider à s’en procurer un qui a duré environs deux ans. Ensuite elle a « upgradé » à un TNT (un plus gros et plus fort).
Ça l’air que lors d’une sortie en motoneige avec un groupe d’amis, elle s’est « stuckée » sur le chemin de fer à la traverse des trappistines. Un bon Samaritain (comme elle le dirait) Alphonse Hébert a dû la dépanner.
Yvette aurait bien aimé se trouver un homme, mais connaissant Yvette, ils avaient toujours un défaut ou un autre. De toute façon elle n’avait pas le temps pour un homme avec tous les comités dont elle faisait partie.
Elle était une bénévole loyale et dévouée dans plusieurs organismes de la paroisse tel que le cimetière, le comité paroissial, la chorale pour de nombreuses années, animatrice de louveteaux, éclaireurs et guides, membre de l’ambulance St. Jean et surtout le comité du Monument dont elle tenait beaucoup à cœur. Son rôle dans la réalisation de la salle Lisa LeBlanc a été beaucoup important pour elle afin de développer l’aspect culturelle dans notre région. Elle était l’une des pionnières avec Madame Géraldine Melanson pour accomplir cette mission.
Quelle fierté pour elle de voir ce beau projet se réaliser et même d’assister à tous les événements présentés dans cette belle salle.
Elle avait encore un projet à cœur qui la passionnait…
Elle désirait créer un lieu de rencontre aux écoles, pour donner la chance aux jeunes d’exprimer leurs opinions et leurs besoins.
Pour se tenir en forme, Yvette a pratiqué des sports jusqu’à l’âge de 65 à 70 ans. Elle faisait partie de diverses équipes telles que le ballon-balai et la balle molle. Elle était aussi une gardienne de but au hockey jusqu’a 70 ans. Et finalement elle dit « Je pense ben que je vais arrêter puisque les autres de mon âge veulent pus jouer. »
Yvette était une partisane des Canadiens de Montréal depuis plus de 50 ans.
Lorsque Danny avait environ huit ans, il adorait Ken Dryden qui était gardien de but pour les Canadiens dans le temps. Alors il décida de graver avec un roche le nom de Ken Dryden sur la voiture brune à sa mère.
Well, Yvette n’était pas impressionnée. Au moins c’était un joueur de la bonne équipe.
Yvette avait un gros cercle d’amis. Elles se rencontraient à chaque vendredi pour un repas au restaurant. D’autres amis venaient la visiter chez-elle pour jaser et rire et passer des bons moments ensemble. Elle aimait surtout son temps avec Claudia qu’elle aimait comme sa fille. Et sa chère famille! Ses garçons et leurs conjoints, ses six petits-enfants et huit arrière-petits-enfants étaient ses trésors. Elle les suivait dans toutes leurs activités sportives, musicales et autres.
Elle aimait les accueillir chez-elle. Surtout pendant les fêtes. Noël était l’une de ses fêtes préférées. Elle décorait en abondance. Les réveillons étaient spéciaux avec beaucoup de nourriture, de chants et pleins de rires et d’amour.
Sa gang se rendait même aux portes des maison de la parenté des Pitre et Gallant pour chanter des cantiques de Noël. On a tous des beaux souvenirs de ces moments.
Si quelqu’un allait en voyage, Yvette était toujours prête à embarquer et rendre ce voyage inoubliable.
Elle et son frère Raymond aimaient se taquiner. Un jour ils ont fait une « bet ». Celui qui allait mourir le premier donnerait un chèque de 20,00 $ à l’autre. Elle était déterminée de vivre jusqu’a 101 ans. Alors elle était convaincue que c’est elle qui allait recevoir le 20,00 $ de lui.
Yvette aimait beaucoup plaisanter et faire rire les gens autour d’elle. Même pendant ses derniers moments, elle a fait rire les ambulanciers.
Yvette tu vas nous manquer mais tu nous laisses un bel héritage. Tu étais reconnue pour rendre le monde joyeux et humain à ton seul contact.
Tu vas toujours rester présente dans la vie de ta famille et ta communauté.
Les graines que tu as semées, sont d’une richesse importante qui porteront fruit pour toujours dans nos cœurs.
Je vous laisse avec ci beau proverbe :
Le malheur de l’avoir perdue,
ne doit pas te faire oublier
le bonheur de l’avoir connue.
Au revoir Yvette on t’aimera toujours.